Série d'expériences sur le médium vidéo.
Je travaille le rapport de ce médium au rythme et au temps, par le biais du montage et de syncopes d'images.
Contreciel
(2'03'') a été réalisée comme un redécoupage du mouvement vidéo laissant
apparaître le noir entre chaque image supprimée. Cela me permettait de
reconstruire un rythme quasi-musical qui questionnait la régularité de
la succession de photographies dans le médium vidéo :
Glisser sous les ombres
(3'45'') est un essai pour tenter de voir comment le rythme et la durée influencent la façon dont on perçoit une image. Plus contrastée, plus découpée ou bien plus douce et ethérée, le temps joue sur la lumière d'une image et sur nos perceptions.
Leçon de Piano, Le son de vidéo (3'05'') continue ce questionnement, à partir d'une vidéo montrant des personnes jouant du piano et butant sur des notes. Ce travail recrée un rythme qui ne se substitue pas à celui de la musique, mais qui l'intègre à la cadence plus large du médium vidéo :
An eye for an eye for an eye for an eye (6'34'') se vit comme une expérience optique qui joue sur les rythmes de la vidéo pour essayer de révéler les mécanismes, la machinerie du regard. L’objectif de l’appareil est mis en doute par les répétitions mécaniques d’images avec des rythmes recomposés. Les vitesses de défilement ultra élevées de certaines image ne donnent plus au cerveau qu’un embrouillamini d’informations optique que l’œil ne suit plus. Les sons mécaniques qui semblent apparaître quelque fois et se répéter sont également présents pour rappeler le déclencheur, ou bien les pauses/défilements de la pellicule des caméras anciennes.
Entre-temps (3'50''), a
été conçu comme une façon de révéler un horizon des images,
par la recherche d'une forme d'entre-image, de temps entre
chacune d'elles. Cela me semblait proche de la vision d'un
monde au-delà de l'horizon dans le tableau par Anne Cauquelin :
"En séparant le proche du lointain, la ligne d'horizon offre à la pensée une donnée précieuse, car elle permet d'exprimer visiblement, plastiquement, le « saut » que l'on doit faire dans l'inconnu (...). L'image de l'horizon est ainsi liée à un « au-delà » de la représentation, un « en dehors » ou un débord de la réalité des choses comme elles sont. Ici, dans la proximité, le monde d'ici-bas, là-bas, au loin, indiqué par la ligne d'horizon ; mais masqué, caché, l'autre monde ou les autres mondes."
Anne Cauquelin, À l'angle des mondes possibles, Paris, PUF, 2010