Autre série d'expériences sur la vidéo et son rythme propre.
À cet endroit, je me questionne toujours sur le rapport de ce médium au temps, mais à travers des procédés de surimpressions et de ralentissements.
Le paysage d'Impressions, Sommeil de temps (5'09'') a été pensé comme un non-espace, dont la teneur utopique nous fait penser à des décors de films d'animation, à un monde sans temps. Cependant, cette image d’une nature idyllique et fantasmée se brouille tout doucement et nos yeux ont du mal à faire le point, un peu à la manière des tableaux impressionnistes. Les temps sont calqués les uns sur les autres, mais quelque chose résiste.
Les images ne correspondent jamais vraiment. Derrière la beauté photographique et son espace réifié apparaît l’indomptable relativité du temps vidéo qui semble emmener avec lui tous les espoirs utopiques de conservation et de fixité auquel aspirerait notre regard sur le monde. Il ne reste plus au final que le spleen romantique d’une image déjà désuette et dont la contemporanéité est elle-même memento mori.
Submerger l’horizon (5'02'') nous donne à voir la façon dont l'horizon et son envers dans les reflets de l’eau peut-être brouillée, tordue, déformée. La métaphore du bateau coulé aide à faire sentir que quelque chose bascule. Les superpositions et les chevauchements font penser aux tests de Rorschah dans lesquels l’imaginaire plonge. Le renversement effectif de l’image ne fait qu’accélérer le processus. Les plans se raccourcissent et le temps clignote doucement au bout de cette ligne devenue une frontière fictive.
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